Pourquoi tu es herbivore, maman.

Pourquoi tu es herbivore comme les brachiosaures, maman?

 

Alors qu’il y a plus de 1 an maintenant que je suis devenue végétarienne, Bouh a planté le décor un soir en me posant cette question.

Dans sa tête de petit garçon de 6 ans, si on ne mange plus de viandes, on devient herbivore. Par opposition aux carnivores, tel le lion, le requin ou le T-Rex…

Je suis donc une gentille girafe, qui ne mange plus que de la verdure.

 

(Végétarienne= plus de viandes animales mais conservation des aliments produits par l’animal tels que œufs, lait,..

Végétalienne = plus aucun aliment issu d’animaux).

 

Comment en arrive-t-on à ne plus manger de viandes quelles qu’elles soient?

Dans mon cas, tout à commencer avec la naissance de Polochon, il y a 6 ans. Le garnement s’est amusé à prendre mon foie pour un punching ball et bienvenue dans le monde merveilleux des crises de foie. Visite chez le docteur et beaucoup d’examen plus tard, rien de vraiment significatif mais contrainte de faire attention à mon alimentation.

Round 2: mon genou me lâche et je suis à nouveau contrainte de faire attention à ce que je mange pour perdre du poids et soulager mon genou.

Round 3: je change d’orientation professionnelle et bosse quelques semaines avec une amie devenue végétarienne depuis plusieurs mois, qui le vit très bien et qui me lâche cette petite phrase poétique et révélatrice : « Terminé, je ne mange plus de cadavre ».

Round 4: notre chaton Ondine se fait écraser par une voiture et c’est moi qui transporte son corps (cadavre) chez le vétérinaire.

Et là, j’ai un déclic. Finalement, la viande que je mange pourrais très bien être un chat, un chien ou tout autre animal tué pour me nourrir. Et pour quoi, pour l’évacuer dans la demi-heure dans les toilettes à cause de mon foie biscornu et de mes intestins récalcitrants.

C’est décidé, je franchis le cap. Je deviens végétarienne!

Alors bon, ça n’a pas non plus été un gros bouleversement alimentaire! Je n’ai jamais aimé manger de la viande. Déjà toute petite, mes parents m’appelaient la Souris à force de préférer manger des tartines et du fromage. J’ai toujours aimé les œufs, les champignons et la soupe. Ado, j’ai souvent manqué de fer, fait des anémies et jeune adulte, j’ai eu droit aux injections de vitamines B12 par manque de régime carnivore…

 

Bon, pour ne pas non plus mettre ma santé en danger et parce que payer une diététicienne me saoulait (allez comprendre pourquoi j’ai moins honte d’aller chez le psy que chez une diététicienne…), je prends le temps de faire des recherches auprès d’amies déjà végétarienne, sur le net, dans différents bouquins disponibles en bibliothèques, auprès de collègues qui donnent le cours de nutrition et sur mes connaissances d’infirmière (lointaines mais toujours précieuses). Je fais la liste des aliments contenants des protéines végétales et tente d’adapter mes menus.

Pour ne pas non plus, brusquer les choses, je bannis les viandes rouges mais conserve le poulet et le poisson. Et je me rue (merci la société de consommation) sur les substituts alimentaires du supermarché. Et … beurk!!! C’est immonde en goût, en coût et un impact énorme sur mon bilan poubelle. Pour donner du goût à la chose et tenter de reproduire le goût de la viande animale, c’est un abus d’épices en tout genre. Et le poulet semble ne plus vouloir convenir non plus à mes intestins au bout de quelques semaines.

C’est donc le début de la deuxième phase: fini toutes viandes! Je me sens légère, pleine d’énergie, j’ai perdu 5 kg en quelques semaines. Je me régale de petits plats maison composés de champignons, œufs, pâtes, lentilles, haricots, légumes sautés, riz, olives. Je redécouvre la saveur des légumes et des fruits. Je grignote amandes, noix, noisettes, cranberrys,… Je revis.

Pour confirmer ma décision, je m’informe sur le traitement des animaux d’abattage, je lis Mathieu Ricard et son plaidoyer pour les animaux, je pleure, me révolte, refuse d’aller en boucherie acheter la viande pour Papa Ours et les Oursons, adapte mon quotidien pour ne plus tuer aucun animal pour mon confort… J’en deviens dingue et suis constamment en colère.

Et régulièrement, j’ai de gros coups de fatigue. Surtout en période menstruelle (qui sont abondantes chez moi, car en cycle spontanée sans hormones).  Papa Ours me convainc de manger un peu de poulet ou de poisson.

L’été arrive et retrouve le sourire. La profusion de légumes et de fruits frais sont un réel plaisir. Je me régale à nouveau, je me sens bien, mon poids s’est stabilisé à celui d’avant la grossesse de Petit d’homme (il y a presque 10 ans).

Je garde le cap à la rentrée durant encore quelques mois puis avec la surcharge de boulot à l’école, je craque… Je le sens. Mon corps n’en peut plus. Les fêtes finissent de m’achever.

 

Au bout de un an de ce régime improvisé et malgré des prises de sang excellentes, je suis épuisée. J’ai donc décidée d’écouter mon camarade de tous les jours, de lui faire confiance comme chacun devrait le faire. J’ai écouté mon corps.

Alors aujourd’hui, je ne consomme plus de viande rouge ni de poulet. De temps en temps, quand mes intestins me le permettent, je me fais plaisir avec du poisson. Si je sors au resto, entre amis ou en famille, je choisis aussi le poisson. Je continue de faire attention à mon alimentation mais je me fais plaisir en mangeant comme je l’ai toujours fait. Et je ne culpabilise pas comme j’ai pu le faire, presque à me flageller parce que je laissais mourir des animaux pour ma survie. Je remercie toujours l’animal qui me permet de vivre. Je protège mon environnement. Je veille à choisir des animaux issus d’une économie responsable, locale. Papa Ours et les Oursons ont diminué leurs propres consommations animales.

Cette expérience nous a permis d’apprendre le respect de chacun auprès des Oursons, a mangé à leur faim tout en leur faisant prendre conscience de la chance qu’ils ont. De leur donner conscience de la valeur d’une vie, du gaspillage alimentaire. Mais aussi de leur donner une petite leçon sur les différence entre carnivore, herbivore et omnivore. C’est devenu un jeu pour chaque espèce animale qu’ils rencontrent: « Que mange-t-il? Il est comme toi maman ou comme nous? »

 

Je ne regrette pas mon expérience. Elle m’a permis de grandir comme être humain. D’en apprendre plus sur moi-même et de mieux m’alimenter.

Nous avons tous besoin de manger. Nous avons tous des goûts différents. Et chacun devrait être libre de s’alimenter comme il l’entend avec ses convictions et ses risques (je pense à la malbouffe) mais tout en gardant à l’esprit le sacrifice que la planète fait pour nous nourrir.

Après tout, même si on ne l’entend pas crier quand on l’arrache de terre, c’est quand même là qu’elle est le mieux, la carotte!

A la semaine prochaine. Bisous et prenez soin de vous.

 

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